samedi 21 juillet 2012

Rêve II



Rêve étrange, cette nuit : un rêve érotique, oui, d’une certaine manière, mais sans « achèvement » érotique ; un rêve surtout qui semble me désigner quelque chose – mais quoi ?

Tout ce dont je m’en souviens, c’est ceci :

Dans le dédale de couloirs moquettés d’un hôtel, j’accompagne une femme (je vois mal son visage, mais c’est une femme métissée, antillaise peut-être) vêtue de façon à la fois stricte et élégante, chemisier blanc et jupe-tailleur gris-beige. Paradoxalement, la situation semble n’avoir rien d’érotique, ni même d’équivoque. Nous avons une discussion « sérieuse » à voix très basse ; il me semble que nous parlons d’un livre ou d’une thèse (quelque chose qui aurait à voir peut-être avec les sciences humaines, l’histoire ou la philosophie) ; cette phrase, prononcée par ma compagne me revient : « Il fait table rase de tous les présupposés antérieurs. »

La femme ouvre la porte d’une chambre avec une carte magnétique. C’est une chambre d’hôtel impersonnelle mais d’assez bon standing, avec un lit à une place – une chambre étroite, toute en longueur, assez sombre : il doit faire nuit au dehors, seule une lampe de chevet éclaire la pièce. Ma compagne me fait asseoir sur une chaise puis entreprend de se déshabiller, mais la chose semble naturelle et dépourvue de toute ambiguïté (comme si elle était ma mère ou ma sœur), et d’ailleurs la conversation sur ce livre ou cette thèse se poursuit tandis qu’elle se dévêt.

Une chose me surprend : cette femme est exceptionnellement musclée, ses jambes en particulier ressemblent à celles d'un bodybuilder. Pas de doute, pourtant : lorsqu’elle est entièrement nue, c’est bien une femme, pas un travesti ni un transsexuel. Et de toute manière je sais, comme on sait dans les rêves, sans savoir comment ni pourquoi, que c’est bien une femme ; je la sais de même belle et pourtant ne la désire pas (et sa musculature n’a rien à y voir : je peux trouver désirable une femme très musclée, pour autant que sa musculature ne détruise pas l’harmonie des proportions entre poitrine, taille et hanches). Puis, à peine est-elle nue, elle se rend dans la salle de bains. Resté seul dans la pièce, je vois une épaisse enveloppe de papier kraft posée à mes pieds, je sais (me l’a-t-elle dit auparavant ?) qu’elle contient le texte dont nous parlions (il s’agirait donc plutôt d’un manuscrit ?) mais je m’interdis de l’ouvrir.

La femme revient avec à la main une robe noire sur un cintre et des sous-vêtements noirs eux aussi, puis avec le même naturel qu’elle s’était déshabillée, entreprend de passer ces nouveaux vêtements mais en silence cette fois, un silence que je ne brise pas.

Mon rêve, ou du moins le souvenir que j’en ai au réveil, s’achève ici.

Il est toujours vain d’expliquer rationnellement une situation onirique – mais celle-ci est vraiment intrigante.

S’agissait-il d’une relation professionnelle ? Etions-nous lecteurs ou traducteurs dans une maison d’édition ou universitaires en congrès ? (Je n’ai jamais été rien de semblable.) Pourquoi ce changement de costume à vue ? Devait-elle se rendre à une soirée « habillée » ou à des funérailles ? Si c’est la dernière hypothèse, le manuscrit était-il une œuvre posthume dont nous eussions été les exécuteurs testamentaires ?

Et cette absence de désir, ce curieux mélange d’absolue impudeur et de réserve qui semblait aller de soi ? Liens du sang ? (Non, ou alors très lointains, puisque ma compagne était métissée.) Ou bien peut-être ma compagne n’aimait-elle que les femmes ? (Pourtant, il ne me semble pas l’avoir su comme je savais qu’elle était bien une femme.)

Et pourtant, par une intuition très vague et pourtant très forte, j’ai la certitude que le sens (naturellement inconscient) de ce rêve n’est pas à chercher dans une quelconque « explication » de la scène : j’ai la quasi certitude que c’est quelque chose de bien plus simple, que le « message » est bien en deçà de ces réflexions qui ne mènent à rien.

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