Rêve étrange,
cette nuit : un rêve érotique, oui, d’une certaine manière, mais sans « achèvement »
érotique ; un rêve surtout qui semble me désigner quelque chose – mais quoi ?
Tout ce dont
je m’en souviens, c’est ceci :
Dans le dédale
de couloirs moquettés d’un hôtel, j’accompagne une femme (je vois mal son
visage, mais c’est une femme métissée, antillaise peut-être) vêtue de façon à
la fois stricte et élégante, chemisier blanc et jupe-tailleur gris-beige. Paradoxalement,
la situation semble n’avoir rien d’érotique, ni même d’équivoque. Nous avons
une discussion « sérieuse » à voix très basse ; il me semble que
nous parlons d’un livre ou d’une thèse (quelque chose qui aurait à voir
peut-être avec les sciences humaines, l’histoire ou la philosophie) ;
cette phrase, prononcée par ma compagne me revient : « Il fait table rase de tous les présupposés
antérieurs. »
La femme ouvre
la porte d’une chambre avec une carte magnétique. C’est une chambre d’hôtel impersonnelle
mais d’assez bon standing, avec un lit à une place – une chambre étroite, toute
en longueur, assez sombre : il doit faire nuit au dehors, seule une lampe
de chevet éclaire la pièce. Ma compagne me fait asseoir sur une chaise puis entreprend
de se déshabiller, mais la chose semble naturelle et dépourvue de toute
ambiguïté (comme si elle était ma mère ou ma sœur), et d’ailleurs la
conversation sur ce livre ou cette thèse se poursuit tandis qu’elle se dévêt.
Une chose me
surprend : cette femme est exceptionnellement musclée, ses jambes en
particulier ressemblent à celles d'un bodybuilder. Pas de doute, pourtant :
lorsqu’elle est entièrement nue, c’est bien une femme, pas un travesti ni un
transsexuel. Et de toute manière je sais, comme on sait dans les rêves, sans
savoir comment ni pourquoi, que c’est bien une femme ; je la sais de même
belle et pourtant ne la désire pas (et sa musculature n’a rien à y voir :
je peux trouver désirable une femme très musclée, pour autant que sa
musculature ne détruise pas l’harmonie des proportions entre poitrine, taille
et hanches). Puis, à peine est-elle nue, elle se rend dans la salle de bains. Resté
seul dans la pièce, je vois une épaisse enveloppe de papier kraft posée à mes
pieds, je sais (me l’a-t-elle dit auparavant ?) qu’elle contient le texte
dont nous parlions (il s’agirait donc plutôt d’un manuscrit ?) mais je m’interdis
de l’ouvrir.
La femme revient
avec à la main une robe noire sur un cintre et des sous-vêtements noirs eux
aussi, puis avec le même naturel qu’elle s’était déshabillée, entreprend de
passer ces nouveaux vêtements mais en silence cette fois, un silence que je ne
brise pas.
Mon rêve, ou
du moins le souvenir que j’en ai au réveil, s’achève ici.
Il est
toujours vain d’expliquer rationnellement une situation onirique – mais celle-ci
est vraiment intrigante.
S’agissait-il
d’une relation professionnelle ? Etions-nous lecteurs ou traducteurs dans
une maison d’édition ou universitaires en congrès ? (Je n’ai jamais été
rien de semblable.) Pourquoi ce changement de costume à vue ? Devait-elle
se rendre à une soirée « habillée » ou à des funérailles ? Si c’est
la dernière hypothèse, le manuscrit était-il une œuvre posthume dont nous
eussions été les exécuteurs testamentaires ?
Et cette
absence de désir, ce curieux mélange d’absolue impudeur et de réserve qui
semblait aller de soi ? Liens du sang ? (Non, ou alors très
lointains, puisque ma compagne était métissée.) Ou bien peut-être ma compagne n’aimait-elle
que les femmes ? (Pourtant, il ne me semble pas l’avoir su comme je savais qu’elle était bien
une femme.)
Et pourtant,
par une intuition très vague et pourtant très forte, j’ai la certitude que le
sens (naturellement inconscient) de ce rêve n’est pas à chercher dans une
quelconque « explication » de la scène : j’ai la quasi certitude
que c’est quelque chose de bien plus simple, que le « message » est
bien en deçà de ces réflexions qui ne mènent à rien.
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