La veille, au
téléphone, vous m’auriez dit n’avoir, entre votre réunion du matin et celle de
l’après-midi, que très peu de temps à me consacrer, et même ne pouvoir être
sûre de vos horaires à l’avance. (Or c’eût été la seule journée que j’eusse dû
passer à Paris.) Je vous aurais alors proposé de vous attendre dans un café,
près de votre bureau, afin que nous puissions déjeuner ensemble, fût-ce d’un
sandwich. Vous auriez refusé, réfléchi, puis proposé une autre solution :
que j’aille vous attendre chez vous. J’aurais protesté que cela nous laisserait
encore moins de temps. Vous auriez insisté. J’aurais bien sûr fini par céder.
J’aurais donc
trouvé, conformément à ce que vous m’auriez dit, le double des clefs de votre
appartement au fond du porte-parapluie du palier. La surprise aurait été, dans
une enveloppe à mon nom glissée sous la porte, ce bristol où vous auriez écrit
ces quelques lignes : « Quand
vous serez arrivé, déshabillez-vous, et montez m’attendre dans la mezzanine. J’arriverai
sitôt que je le pourrai. » Je me serais donc exécuté, laissant mes
vêtements sur une chaise au bas de l’escalier.
Je serais donc
là, à vous attendre depuis près de trois quarts d’heure, assis sur le fauteuil de
votre mezzanine, la bite tantôt bandant dur tantôt flaccide, selon le cours de
mon imagination.
A présent, j’entendrais
votre clef tourner dans la porte d’entrée, en bas, puis vos pas sur le parquet.
Vous diriez, contemplant sans doute mes effets : « Bonjour, Gabriel. C’est un plaisir de vous
trouver si compréhensif. Pardonnez-moi, mais je dois filer dans cinq minutes. »
Je nous vous répondrais rien, submergé d’émotion à vous entendre, d’abord, puis
à vous voir monter les escaliers.
Nous nous
souririons sans rien dire, vous un peu essoufflée mais impeccablement coiffée
et maquillée, et vêtue d’une élégante robe de coton à imprimé. Je serais un peu
confus, non de ma nudité, au contraire, mais de prendre ainsi de votre temps si
précieux – et anxieux de pouvoir répondre à ce que vous attendez de moi.
Puis, sans mot
dire, vous me feriez rassoir, ôteriez vos escarpins, remonteriez le bas de
votre robe afin de ne pas le froisser, puis vous agenouilleriez. En dépit de
votre position, je n’oserais imaginer que vous puissiez me sucer : votre
maquillage risquerait d’en souffrir, et vous n’auriez pas le temps de le
refaire.
Non, bien sûr,
vous ne me suceriez pas : vous me branleriez, tantôt avec lenteur et tendresse,
tantôt presque avec brutalité, sans cesser de me regarder dans les yeux ni de
me sourire – et toujours sans dire un mot. Au moment où je jouirais, vous
accompagneriez si bien de vos mains la montée du foutre que celui-ci s’écoulerait
doucement de ma queue, de sorte que vos vêtement, vos cheveux, votre visage
demeureraient immaculés.
(Outre que
vous vous soucieriez de votre mise, vous auriez deviné mon peu de goût pour l’« éjaculation
faciale ».)
Vous lécheriez
du bout de votre langue – en ayant soin de n’y pas compromettre votre rouge à
lèvres – le foutre sur vos doigts, puis
me passeriez d’un geste presque sec une petite serviette éponge pour que j’essuie
celui qui serait répandu sur mon ventre. Vous vous redresseriez, sans vous
départir de votre sourire.
Puis déjà,
vous réajusteriez votre robe, renfileriez vos escarpins en me disant : « Pardonnez-moi, Gabriel, j’avais si peu de
temps… Il faut que je file. » Tandis que je demeurerais interdit, vous
seriez déjà redescendue, continuant de parler. « Mais vous, prenez votre temps, n’hésitez pas à profiter de la douche, c’est
ici, au fond du couloir, les serviettes sont dans la petite armoire. Laissez
les clefs là où vous les avez trouvées. Je vous embrasse. »
J’aurais beau,
à ce moment-là, sortir de ma stupeur et dévaler l’escalier, ce serait trop tard :
vous auriez déjà fermé la porte derrière vous. Je ne pourrais évidemment pas
sortir nu sur le palier pour vous quémander un baiser. Il ne me resterait donc
plus qu’à suivre vos dernières instructions. Il ne serait pas interdit de
penser que, tout à l’heure sous la douche ou un plus tard sur le quai de la
Gare de Lyon, je pleurerai – de gratitude.
Délicieux fantasme...
RépondreSupprimerA vivre...sourire..
Heureux que ce petit texte vous ait plu... Et merci de votre message.
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