dimanche 24 juin 2012

Rêve I




Rêve érotique récurent, ces trois dernières nuits.

Je suis allongé sur le dos, nu, les mains attachées aux barres du lit. Dans la pénombre, s’approche une femme aux cheveux de geai immensément longs et incroyablement épais qui cachent toujours une moitié au moins de son visage. Elle s’agenouille sur le lit en écartant mes cuisses, baisse la tête en faisant retomber sa lourde chevelure sur mon torse et mon ventre et me suce ; au moment où je suis sur le point d’éclater, elle cesse de me sucer et enroule mon membre dans une torsade de ses cheveux, puis me branle jusqu’à ce que je jouisse.

Je vois mon sperme dessiner des filaments blancs et luisants dans la toison noire et opaque de sa chevelure : c’est la dernière image de mon rêve.

(Bien sûr, je me réveille aussitôt : j’ai joui dans mon sommeil.)
 
J’ignore d’où vient un tel rêve.

Baudelaire ? Mais la lecture de La chevelure ou d’Un hémisphère dans une chevelure ne m’a jamais inspiré de telles images : l’idée d’enfouir mon visage dans une chevelure, oui, mais non celle d’y jouir (en outre, si les « cheveux bleus », les « tresses lourdes et noires » correspondaient à la femme de mon rêve, celle du poème les avait plus lisses et plus luisants, à cause, sans doute, de « l’huile de coco »).

Un souvenir ? Aucune de celles qui ont daigné partager ma couche ne s’est donné à moi de la sorte ; aucune de celles que je n’ai pu fléchir en ma faveur ne m’en avait donné ne serait-ce que l’idée. Je crois d’ailleurs n’avoir jamais rencontré – et suis certain de n’avoir jamais désiré – une femme à la chevelure si longue et si dense que celle de mon rêve.

Une image pornographique ? Un adult model, Foxy Anya, semble s’être fait une spécialité de cette scène ; mais ce n’est qu’à présent que je découvre sur le net l’image de cette très belle femme (l’eussé-je découverte auparavant que ses ongles démesurément longs, et recourbés, m’auraient sans doute frappé – ne serait-ce que dans la mesure où ils m’inspirent un certain malaise).

Un symbole, donc, une construction de l’inconscient ? Mais quel sens lui donner alors ?

10 commentaires:

  1. Heureux que cela vous ait plu... ;-)
    Mais tout cela ne me dit pas quel message l'inconscient voulait faire passer. D'un autre côté, me direz-vous, est-ce si important de le savoir?

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  2. La chevelure de Baudelaire peut fortement inspirer de telles images, je trouve; derrière le rideau des mots, il fait flotter l'extase, l'ivresse, le vin du souvenir.

    J'ai fait une belle "traversée intérieure" dans votre Livre des nuits!

    Bonsoir...

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    1. Je suis infiniment flatté que mes « nuits » aient pu se frayer un chemin jusqu’à vous, avoir l’heur de vous plaire et suscité en vous ces réminiscences baudelairiennes – m’entrouvrant ainsi le dispositif savant de vos propres mots.

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  3. Et... oubliais-je:
    regarder, peut-être, du côté du Mythe de la Méduse:
    la chevelure ensorcelante, déviant le regard, pétrifié/attaché, sur autre chose que ce qui est à voir. La féminité n'est pas là où on la croit vue; ni ce qu'elle donne, ni ce qu'elle prend; ni ses pièges.

    (Merci pour la "mise en colonne"!)

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    1. La méduse, oui, comment avais-je pu ne pas y penser (ne serait-ce qu’en raison de son illustration caravagesque, qui lui fait rejoindre, aux côtés de Judith et Salomé, ces grands mythes de décapitation qui me hantent comme ils ont hanté Leiris)…
      Et bien sûr, cette sidération qui détourne le regard vers une féminité-leurre… Vous avez parfaitement raison.

      (Ne me remerciez pas, vos annachronismes sont absolument fascinants.)

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    2. P.S. : Vos propres écrits, y aurait-il un moyen d’accéder ceux d’entre eux qui me sont encore interdits, ou du moins de discuter avec vous de ceux que j’ai d’ores et déjà découverts ? Comme il vous plaira, bien sûr, mais sachez que vous pouvez me contacter ici : gabrielsecond843@gmail.com

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  4. A vous lire, rien ne renvoie à "l'érotisme angoissant" de Leiris.
    Enfin, je me trompe peut-être. Mais j'espère bien que vous n'allez pas vous griffer le corps tout entier de coups de ciseaux, enfermé dans votre salle de bain!

    Aucun de mes écrits n'est interdit. Et vous pouvez réagir dans l'espace commentaires. Sauf si...

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    1. Non, en effet : pas d’« érotisme angoissant » : mon « sadomasochisme » est finalement très serein, si vous m’autorisez l’oxymore. Vous l’avez compris : je goûte peu les scarifications autopunitives ; en revanche, me laisser griffer le corps entier, et par des ongles plutôt que par des ciseaux…

      Je puis accéder à vos tissages, mais pas à votre « incertain récit » (mais peut-être ne s’agit-il pas là de texte ?) Réagir dans l’espace réservé aux commentaires : avec joie, je crains toujours de trop m’épancher dans ce genre d’endroits. (Et puis « si… » aussi, qui sait ?)

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  5. L'Incertain récit est, pour le moment, incertain.
    C'est à dire... en attente de... temps.

    Quant à l'épanchement... comme bon vous semble. Mais sans crainte.

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